jueves, 8 de febrero de 2018


                                    ENTRE L´AMOUR ET LA MORT
                                     UN TON, UN ÉTHOS
                           TA CRÉATION / TRADUCTION

                                               Leonor Merino
                                   Dª Universidad Autónoma de Madrid
                                   escritora,  poeta, traductora

                                              

Prélude à l’au-delà


            « Pour ne pas te dire adieu », Assia, je t’écris en 2013[1] – trois années avant ta mort[2] –. Mais, depuis quand nous connaissons-nous ?

            Ne t’en fais pas, je te le rappelle, depuis 1992 : à ce moment-là, je suis émue à tes côtés au Bellas Artes de Madrid, tandis que toi, tu écoutes rêveuse nos mots égrainés sur l’audience.

            Puis, nous allons à pied à la cafétéria Hotel Victoria, où tu es logée avec tout un évantail d’écrivains Maghrébins (nous ne savons pas encore, aïe!, que notre poète si aimé, Tahar Djaout, va être assassiné juste une année après).

            Nous nous asseyons autour d’une petite table et tu me dis d’un sourire complice : « invite-moi à un café... ».

            Moi, toujours ailleurs, encore émue, dans ma main une petite cassette, tandis que je réfléchis sur les questions que je vais te poser afin de rédiger un travail universitaire.

            Ma première question se dessine, s’emmèle dans l’air, dans notre ambience subtile et fraternelle, lorsque je m’aperçois que tes yeux, ta bouche, ton visage intelligent et persuasif s’intéressent, soudainement, à mon travail, à ma vie.

            Alors, moi..., je commence à déverser tout un flot de mes pensées, mes chagrins, mes pulsions, mes désirs et, pour la première fois, j’avoue mon secret ! : je tisse des poèmes, depuis longtemps.

            Toi, tu me donnes un conseil – t’en souviens-tu ? – : « écris ces vers, tu les places à l’intérieur de ton récit, la mort de ta mère, la coupe de cheveux dorés de ton fils... ».

            Avec la rapidité de l’éclair qui m’éblouit, je me rends compte que tu possèdes une forte attraction, je veux te dire que tu as un grand pouvoir puisque tu es la meilleure détentrice de l’empathie – la clé de la bonté et de la compassion – ; que tu as un grand don – de la perspicacité – et que tu es une fine écouteuse pour accueillir l’Autre, afin de l’abriter.

            Oui, tout à coup, nos rôles s’invertissent : c’est moi qui te déverse dessus mon for intérieur, et c’est toi qui absorbes – patiemment et sagement – mes confessions.

            Toi mon écouteuse, t’oubliant de toi même, tout en restant énormement réceptive, généreuse, humble. Tu détiens l’art de l’architecture de tes récits intertextuels, forgés sur l’écriture et l’écoute.


                                               Les années s’écoulent.
                                               Le Temps nous cache,
                        en emportant nos émotions avec son écume.







            Tu publies des textes magnifiques. J’écris sur eux[3]  – et sur d’autres oeuvres de beaucoup d’autres auteurs Maghrébins.

            Mais – maktoub !  – : un très important événement culturel – « Hay Festival » – m’invite pour te présenter à Granada, au salon Palacio de Carlos V, situé à l'Alhambra, la fortifiée – Al qal’a al-Hamra', Forteresse Rouge –, qui était la résidence royale de la cour de Grenade au XIIIème siècle, après la construction du premier palais par Mohammed ibn Youssouf ben Nasr : plus connu par Ben Al Ahmar (El Rojo).

            La date de notre rencontre : le 10 mai 2009 !

            Comme nous sommes heureuses lorsque je te présente et parle de tes oeuvres dans un cadre si majestueux. Ensuite, nous maintenons une conversation devant un public en communion avec nous. Les organisateurs nous avouent que notre rencontre a été l’une des plus émouvantes – pour finaliser, on nous offre deux roses blanches toutes fraîches.

            Puis, notre promenade à la tombée de la nuit, foulant les ruelles pavées en pente – extasiées devant l’Alhambra illuminée.

            Quelle beauté majestueuse dominant la ville aux lumières scintillantes.
            Nos longs silences.

            Nos émotions aiguës, rivées à nos regards devant cet espectacle.

            Toi, dans tes habituelles revêries de plaisirs sensuels d’un temps méditérranéen : ton esprit errant dans les couloirs du passé.

            Moi, songéant que tu as toujours, comme un trésor, la vieille clé rouillée de tes ancêtres : là-bas, à Césarée de Maurétanie, l'ancienne capitale, ruinée, puis repeuplée par l’exode andalou.







            Et pendant trois soirées, nos lents dîners à l’hotel luxueux, Alhambra Palace.

            Attablées – nous sommes si à l’aise ! –. Tu me racontes ta chute récente dans ta cuisine : tu avais encore de petites croûtes de ces blessures aux genoux, au visage.

            Tes confidences – que tu m’as prié de garder – : « Léonor, ce sont pour toi ».

            Ton esprit toujours imprégné de ton dernier roman : un cercle concentrique – cercle de « soie » ou de soi[même] ?[4] – rend compte de la belle architecture d’un texte rétrospectif, Nulle part dans la maison de mon père : deux mois après notre rencontre j’en offre un compte-rendu au public espagnol[5].

            Et ces vagues ascendantes de ta douleur – je les ressens encore – : « contre la ségrégation de mon héritage »[6], car tu n’éprouves pas seulement l'exile intérieur mais l'exile spatial et familial, tout en t’érigeant contre tout ce que tu considères injuste avec ta liberté : « contre ce faux chevalier en proie aux ombres de sorcières ou d’envieuses, femmes anges et putains qui l’avaient entouré, adulé, annihilé »[7].

            Ton écriture de transhumance comme une suite du silence qui te pèse, qui endure encore une autre vague de douleur : « la branche paternelle compte pour l’héritage, et donc pour les mariages d’intérêts »[8].

            Tu me chouchoutes – tes yeux embués d’amertume – : « Je n’ai plus de maison de mon père [...], dans un pays dit libéré où toutes les filles sont impunément déshéritées par les fils de leurs pères »[9].





Je t’offre mes vers :


           
Regards étouffées
                        au crépuscule,
pincement de nostalgie.

Larmes invisibles
                        aux paupières suspendues,
                                               jamais perlées.



            Tu secoues ta tête – une lame de cheveux châtains.

            L’esquisse de ton sourire –  se fondant dans l’univers.

            Et voilà comment tu me parles d’une personne dont tu es très reconnaissante : « une jeune femme à Paris qui mène un club de lecture sur mon oeuvre ! Elle s’appelle Amel Chaouati ».

            Et toi de détacher ces syllabes : « Cha-ou-a-ti » – au cas où j’oublie ce nom de famille algérois.

            Je souris devant tes yeux écarquillés – je souris encore au souvenir de ton acuité, Assia.





Traduire avec une baguette musicale


            Et voilà, je rencontre Amel Chaouati à Tizi-Ouzou, à la Faculté des Lettres et des Langues de l’Université Mouloud Mammeri, où elle nous réunit pour te rendre un grand hommage autour de ton « expérience créative ou l’oeuvre d’une vie ».

            Me voici à nouveau, depuis de nombreux travaux que je te consacre dont le plus important : La mujer y el lenguaje de su cuerpo. Voces Literarias del Magreb[10] – le corps est aussi une langue –, afin de t’offrir mon point de vue de ma lecture de tes textes avec de la rigueur, avec de la sensibilité intime, car ton écriture je la ressent – je la « respire » – dans son rythme, sa poétique, sa musicalité.

            Ton écriture : l'ivresse vers l'imprécis d'un avenir alternant, en se plongeant, en même temps, dans un passé endormi et dans le magma des souvenirs collectifs.

            Pour faire jaillir cette fontaine primitive, sans adultérer sa pureté et puisqu’on ne peut pas utiliser ta langue maternelle – qui est orale et par conséquence non écrite –, tu fais appel à d'autres langues qui peuvent se traduire intimement au français :

            Un flux sanguin de ton écriture, qantara secret entre la langue française conceptuelle, la langue arabe voluptueuse et l’autre langue de « l’irréductibilité »[11]. 






            Voilà comment j’apprehénde la traduction de ton écriture :


Plante abattue
Mémoire percée d'un hier cassé de failles.

Revenue à son antre virginal
traduit son espace indolent,
artistique    intérieur
            va-et-vient
            de l'arabe au français
                        au berbère
                        à l'alphabet amazigh des touaregs.




           
            Toi, éprise de passion par les langages et son tangage, c’est ma même passion – toutes les distances sauvées[12].

            Je ressens les langues qui t’abritent, t’habillent, avec des voies de liaison innombrables.

            Sachant qu’il n’y a pas de langue pure – ni de sang pur –, tu pars en quête d’un langage secret : une écriture musicale capable d’approfondir, dans son introspection, vers des territoires inexplorés.

            Cette langue de coeur[13], la langue de « lait intarissable » aussi décrite par Hélène Cixous, mais pas toujours une écriture « langue blanche »[14], comme celle de l’écrivaine oranaise, sinon un réquiem désespéré, un beau récit, liturgique[15].

            « Cette langue était autrefois sarcophage des [tiens] »[16].

            Ton art magique de raconter et l'enchantement de ton écriture évocatrice de sensations subtiles, non seulement en ce qui concerne la sonorité du mot choisi, mais aussi au niveau de l'intellect.

            Tes mots émouvants qui arrivent bercés par de grandes lames.

            Parfois, comme un gémissement langoureux et douloureux.

            D’autres fois comme un cri soutenu : ces souffrances des voix de jadis et d’aujourd’hui, des victimes de la violence patriarcale et, surtout du génocide colonial français.

            Ta voix qui prête ton haleine à d’autres voix : celles de tes soeurs de race avec lesquelles tu partages le chemin angoissé qui les emmène à la « lumière ».

            Tes romans si riches en évocations historiques, avec des références sociales et des expressions psychologiques. Tandis que tu t'abandonnes au flux de la mémoire intimiste – va-et-vient du Temps et de l'espace –, sculptant tes mots, exprimant le désir véhément d'aller enquêter encore plus loin, dans l'Histoire, la musique, l'art, la philosophie, le grec antique, le latin, la langue libyque-berbère, la mémoire collective[17].




            Toujours avec ton émotion, ta lucidité sensible et ta pudeur exquise, dans la trace d'une histoire individuelle dont l'ombre projetée est celle de ton peuple algérien et de ta souche.

            Toi, scribe de l’Histoire de ton peuple qui endosses la souffrance des Algériens – l’espoir aussi – et l’intègres dans leur propre histoire.

            Alors, quand la fiction accompagne l'Histoire contemporaine, une certaine vérité et un désir ardent illuminent la face de notre monde.

            Tu sais bien – comme aucune autre personne – que les blessures, que je porte dans mon âme, sont celles qui m'ont été déversées par beaucoup d'écrivaines Maghrébines, par des écrivaines Algériennes, mais surtout par toi : leur étandart, leur ancêtre dans leurs écritures !

            Mais malgré ces opprobres, je n’oublierais jamais lorsque ton corps illuminé, acquiert son éclat à un âge, si tendre :

            Tes pieds d’un pas résolu entament le chemin de l’école.

            Tes yeux osent regarder l’arc-en-ciel, l´écume de la vague de la Mer Océane, les feuillages aspergées par la brumasse du matin automnal. Ton regard affronte les visages hargneux et les lèvres envieuses, parées d’une grimace d’amertume devant la transgression des réglès ancestrales et devant la réponse de ta mère à celles-là qui s’inquièrent pourquoi tu n’es pas voilée : « elle lit »[18].

            Indolemment, tu hausses tes épaules.

            À tes côtés : une ombre protectrice, haute et droite, coiffée d’un fès.


            Assia, pour hommager ce jour de « lumière », où lire et écrire dans cette langue dans les années 1950, était pour toi - pour toutes les fenmmes - une façon d'accéder au savoir et de sortir du cercle exclusivement féminin, je t’offre mon Poème en espagnol et traduit en français et en arabe[19].

                                               1 grito // 3 GRITOS


                        Noticia: una niña ha nacido
                        –de la sequía–.

                        No aumentará la riqueza
                        Ni vencerá al enemigo
                        Ni vengará una afrenta

                        Tres son sus salidas:
                        del vientre de su madre
                        a la casa del marido
                        camino de su tumba.

                        Enclaustrada,
                        convertida en sombra
                        –pájaro de alas cortadas–
                        mutismo y mirada recatada:

                        Poseída
                        Diabólica
                        Velada

                        Albórbolas: un niño ha nacido
                        –¡fin de la sequía!


                        Pero ahora, ella lee –iqra / اقرأ–:
                        las palabras alumbradas
                        corta las amarras
                        de la mano del padre
                        camino de la escuela.

                                                           ***

                                               1 cri // 2 CRIS


                                   Nouvelle : une petite est née
                                               – de la sécheresse

                       Elle n’accroîtra pas la richesse
                       Ni vaincra l’ennemi
                       Ni vengera un outrage

                       Trois sont ses sorties :
                       du ventre de sa mère
                       à la maison du mari
                       au chemin de sa tombe.

                       Cloîtrée,
                       Devenue une ombre
                       – oiseau d’ailes coupées –
                       mutisme et regard retenu :

                       Possédée
                       Diabolique
                       Voilée

                                   Allégresse : un petit est né
                                               – fin de la sécheresse ! –


                       Mais à présent, elle lit –iqra / اقرأ
                       les mots éclairés
                       coupe les amarres
                       de la main de son père
                                                           chemin de l’école.


                                                           ***


صرخة // ثلاثُ صَرخات


خبر: طفلة قد وُلـِدَتْ
- مِن القحط -
لن تـزيد الثـّراء
ولن تهزمَ الأعداء
ولن تثأر لإهانـة.

ثلاثةٌ هـُم مَخارجها:
من بطن أمها
إلى بيت زوجها
في طريقها الى القبر.

محبـوسَـة
وقد تحَـوّلت إلى ظِلْ
- إلى طائرٍ قـد قـُصَّ جناحيْه-
سكوتٌ ونظرةٌ مغضوضة.
مملوكة
شيطانية
محجوبة

زغاريد: طفلٌ قد وُلِـد
- نهايةُ القحط! -
غير أنها الآن تقرأ: إقرأ
الكلمات المولودة
تحطِّمُ القيود
ويدها بيد الأب،
في طريقها إلى المدرسة.


Finalement, Assia, comme un cercle – ceinture de notre amitié – qui embrasse le début de ma composition littéraire, je reviens à nos deux conversations :

-  À la cafétéria de l’Hotel Victoria à Madrid, où tu m’avoues que tu relis nos auteurs classiques espagnols et ton admiration pour Ana Mª Matute. Toi, forgeuse laborieuse d’une écriture tressée par plusieurs langues, entrelacée par des fragments de l’oralité, tu me dis à mi-voix :
« La littérature est une réponse à la vie comme une autre quelconque, comme la musique, la danse, la peinture, l’amour... ou avoir des enfants... ».

- À l’Hotel Alhambra Palace à Granada où tu m’écris – dans tous tes romans – de précieuses dédicaces dont la suivante ci-dessous :

à Paris, à N. Y., ailleurs – dans l’au-delà, on se rencontrera un jour.

Incha ´Allah !
  




[1] - Leonor Merino, « Assia Djebar ou l’art de tisser la phrase: Une caravelle, ses ailes déployées, titillantes, vers le processus de création avec empátheia – herméneutique de l’amour », in El Khitab N°16, pp. 61-72 : Revue du Laboratoire Analyse du Discours, UNIVERSITÉ MOULOUD MAMMERI (Tizi Ouzou - Algérie).
[2] - Leonor Merino, « Assia Djebar, el arte de tejer la frase », EL PAÍS (Madrid), 18 febrero, 2015.
- Leonor Merino, « Escritoras magrebíes, lianas entrelazadas, taraceadas ». Conferencia en Librería y Editorial “Diwan”, Madrid, 8 de marzo, 2015: “Día de la Mujer” (ma conférence: « Écrivaines maghrébines, des lianes entrelacées, marquetées »).
[3] - Leonor Merino, ENCRUCIJADA DE LITERATURAS MAGREBÍES, "Centro Francisco Tomás y Valiente", UNIVERSIDAD NACIONAL DE EDUCACIÓN A DISTANCIA, Alzira-Valencia, 2001, 191 p. Colección Interciencias. Préfacé par un connu arabisant, Pedro Martínez Montávez, et avec une lettre touchante de l’écrivain Driss Chraïbi.
Voir un long paragraphe avec ce titre : « Assia Djebar, liberación, inmenso brasero humano », pp. 92-95. Et toute sa bibliographie - ainsi que toutes ses oeuvres traduites à la langue espagnole - jusqu’à 2001.
- Leonor Merino, « La mujer magrebí: exclusión y poder », AWRAQ (Instituto de Cooperación con el Mundo Árabe), Madrid, nº 12, 1991, pp. 161-178. (une étude comparative à travers « la femme maghrébine: exclusion et pouvoir »).
- Leonor Merino, « Estallidos de la memoria y de la voz sumergidos en el magma de los recuerdos colectivos, en la escritura de Assia Djebar », Francofonía, UNIVERSIDAD DE CÁDIZ, nº 4, 1995, pp. 251-261. (« Éclatements de la mémoire et de la voix submergés dans le magma des souvenirs collectifs, dans l’écriture d’Assia Djebar »).
- Leonor Merino, « La mujer magrebí en la obra de la escritora argelina de lengua francesa Assia Djebar », LEA (Madrid) La Escuela Agustiniana, Colegios Universitarios, nº 50, enero-marzo 1995, pp. 49-54. (« La femme Maghrébine dans l’oeuvre de l’écrivaine algérienne de langue française Assia Djebar »).
- Leonor Merino, « Las tumbas del silencio: Assia Djebar », "La Esfera" (suplément culturel), El Mundo (Madrid) sábado 7 de marzo, 1998, p. 16. (Sur l’écriture de Vaste est la prison).
- Leonor Merino, « El blanco de Argelia: Assia Djebar », Diario 16 (Madrid) jueves 20 octubre 1998, p. 10. (Sur l’écriture de Le Blanc de l'Algérie).
- Leonor Merino, « Conversation entre Assia Djebar et Leonor Merino » dans le cadre de « Hay Festival », Palacio de Carlos V, Granada. Ma présentation d’Assia Djebar et une étude de toute son oeuvre -  jusqu’à Nulle part dans la maison de mon père -, publiées au « Cercle des Amis d'Assia Djebar », par Amel Chaouati, Présidente de ce Cercle, 13 mai, 2009. Dite présentation je l’ai traduite à ma langue maternelle : l’espagnol.
[4] Je me/te le demande, Assia, devant ta Postface : « “Silence sur soie” où l’écriture en fuite », Nulle part dans la maison de mon père, Paris, Éditions Fayard, 2007, p. 401.
[5] - Leonor Merino: « Sin habitación propia », El País (Madrid) “Babelia 919”, suplemento cultural, sábado 4 julio, 2009, p. 11.
[6] Assia Djebar, L’Amour, la fantasia, Paris, Jean-Caude Lattès, 1985, p. 92.
[7] Assia Djebar, Nulle part dans la maison de mon père, cit., p. 376.
[8] Assia Djebar, Vaste est la Prison, Paris, Albin Michel, 1995, p. 41.
[9] Assia Djebar, Nulle part dans la maison de mon père, cit., p. 386.
[10] CantaArabia, Madrid, 2011, p. 479. “Presentación”: Carmen Ruiz Bravo-V.
[11] Assia Djebar, Le désir sauvage de ne pas oublier, Paris, « Le Monde », 26 octobre 2000. 
[12] Pardonne-moi de t’avouer ces mots en espagnol sur ma poésie, écrits par mon traducteur à la langue arabe, dans mon Recueil Poétique bilingue, espagnol-arabe, El Soplo de la Vida El Polvo de la Tierra, Diwan, Madrid, 2016, p. 169 : “La poesía de Leonor Merino García nace de su perenne búsqueda, ininterrumpida, repleta de ansias de saber, de conocer, de compartir y de solidarizarse, a la vez que está rebosante de afán por indagar en las entrañas y pulsaciones lingüísticas de distintos idiomas, además de sus entre-lazos, persiguiendo el vocablo apropiado y oportuno, la palabra sublime, como alcántara que lleva al "otro", a nuevos horizontes, tanto a aquellos lejanos como a estos que pisan sus pies en el sendero”.
[13] « à la condition de dissimuler ma langue de lait, de la plaquer tout contre moi, au besoin entre mes seins », Assia Djebar, Nulle part dans la maison de mon père, cit., p. 309.
[14] Hélène Cixous, Cathérine Clément, La jeune née, 10/18, Paris, 1975, p. 173.
[15] Assia Djebar, Le Blanc de l’Algérie, Paris, Albin Michel, 1996.
[16] Assia Djebar, L’Amour, la fantasia, Paris, Jean-Claude Lattès, 1985, p. 241.
[17] Prière de lire son très beau discours - le 22 juin 2006 -, lors de son entrée à la prestigieuse Académie Française.
[18] « c’est-à-dire en arabe, elle étudie », Assia Djebar, L’Amour, la fantasia, cit., p. 254.
[19] Publié dans l’Antología Internacional Contra el Abuso Infantil, “Grito de Mujer 2017”. Edita Xabier Susperregi, Biblioteca Grandes Naciones, Grito de Mujer, Festival de Poesía y Arte, País Vasco, marzo, 2017, pp. 113-115.




ENTRE AMOR /MUERTE
                                     -UN TONO, UN ETOS-
                            CREACIÓN/TRADUCCIÓN:
Assia DJEBAR

                      
Preludio al más allá

            « Pour ne pas te dire adieu », Assia, te escribí en 2013[1] –tres años ya de tu muerte[2]–. Pero, ¿desde cuándo nos conocemos?
         No te preocupes, te lo recuerdo, desde 1992.
En ese momento, me encuentro, emocionada y sentada a tu lado en tu presentación en el centro cultural Bellas Artes de Madrid. Mientras, tú, con aire soñador, escuchas nuestras palabras desgranadas en la audiencia.
         Luego, vamos a pie a la cafetería del Hotel Victoria, donde estás alojada con todo un abanico de escritores magrebíes.

 (ay, no sabíamos aún que nuestro amado amigo poeta, Tahar Djaout, que estaba con nosotras, iba a ser asesinado con la feroz y certera bala terrorista, justo un año después)

         Nos sentamos en un lugar recoleto, alrededor de una mesita de cristal y, con sonrisa cómplice, expresas un deseo: « invítame a un café... ».
         Sigo emocionada, mi espíritu todavía en otro espacio. En la mano, llevo una pequeña casete y me percato que debo plantearte las preguntas para mi trabajo universitario
         No termina aún de dibujarse mi primer interrogante en el aire y en nuestro ambiente fraterno, cuando advierto que tu rostro inteligente y persuasivo –ojos, boca– se interesan, de repente, por mi trabajo y mi vida.
         Entonces…, comienzo a derramar todo un flujo de pensamientos, penas, deseos, mi pulsión y, por vez primera, confieso mi secreto bajo cuatro llaves: ¡desde hace tiempo tejo poemas!

         Tu atención es infinita. Me das un consejo –¿recuerdas?–: «escribe esos versos, te sitúas en el interior de tu relato, la muerte de tu madre, “el corte de los cabellos como el trigo de tu pequeñísimo hijo”, eso que me cuentas…».
         Con la rapidez del rayo, que deslumbra, me doy cuenta de que posees una atracción natural, quiero decir que tienes un gran poder, puesto que eres la mejor portaestandarte de la empatía –clave de la bondad y la compasión–; sí, que posees un gran don: la perspicacia y que eres una sagaz escuchante, para acoger al Otro y darle abrigo.
         De repente, nuestros papeles se invierten: soy quien desahoga mi interior y tú quien absorbes, con paciencia y sabiduría, mi confesión.
         Olvidándote de ti misma, permaneciendo enormemente receptiva, generosa, humilde.
         Detentas el arte de la arquitectura de tus relatos intertextuales, forjados en la escritura y la atenta escucha a tantas mujeres.

                                      Se suceden los años.

                            Las olas del Tiempo me esconden
                                     llevando mi emoción con su espuma[3].

         Publicas magníficos textos –que se traducen a muchas lenguas y a la mía–: escribo sobre ellos[4] y sobre otras obras de tantos escritores del Magreb, como ya lo hice con aquellos que se inspiraron en estas tierras y en el mundo árabe.
         Pero –maktub–: un importante acontecimiento cultural –«Hay Festival»– me invita a presentarte en Granada, en el salón del Palacio de Carlos V, situado en la Alhambra, la fortificada –Al qal’a al-Hamra': Fortaleza Roja–, residencia real de la corte granadina en el siglo XIII, después de la construcción del primer palacio por Mohammed ibn Yussuf ibn Nasr: más conocido por Ben Al Ahmar (el hijo del Rojo).
         Fecha de nuestro encuentro, recuerda: 10 de mayo del 2009.
         Qué contentas estamos, cuando te presento y hablo de tus obras en un marco tan majestuoso. Seguidamente, mantenemos las dos una conversación, ante un público en comunión con nosotras.
         Nos confiesan los organizadores, que nuestro encuentro fue uno de los más emocionantes –y eso que estaba allí el Premio Nobel de Literatura Orham Pamuk–. Al final, nos ofrecen dos grandes rosas blancas, frescas, recién cortadas.
         A la caída de la tarde, nuestro paseo, por las empinadas y empedradas callejuelas. Largo tiempo estuvimos extasiadas, ante la Alambra iluminada[5].
         Qué majestuosa belleza dominando la ciudad con luz titilante –en parpadeos.
         Nuestros largos silencios.
         Viva, nuestra emoción.
         Miradas clavadas en el espectáculo.
         Tú, en habitual ensoñación de placeres sensuales de un mundo mediterráneo, con el espíritu errante por los pasillos del pasado.
         Soñando yo que posees, como un tesoro, la vieja llave oxidada de tus ancestros: allá lejos, en la Mauritania Cesariense, la antigua capital, ruinosa y, luego, repoblada por el éxodo andaluz.
         Nuestro regreso.
         Durante tres atardeceres, cenando, pausadamente, en el lujoso hotel, Alhambra Palace, donde estamos invitadas.
         Sentadas a la elegante mesa –qué tranquilidad y regalo–: me narras tu reciente caída en la cocina de tu casa neyorquina: tienes aún pequeñas postillas y señales de esas heridas, en el rostro, en las rodillas.
         Confidencias sobre tu familia, el ambiente universitario, la escritura; y el ruego para que silencie todo: «Leonor, para ti».
         Impregnado tu espíritu aún de la que sería, ay, tu última novela: ese círculo concéntrico –círculo de «soie» o de «soi[même] ?»[6]– da cuenta de la hermosa arquitectura de un texto retrospectivo, Nulle part dans la maison de mon père.
         Un mes después de nuestro encuentro granadino, brindo un estudio al público español[7].
         Y esas olas ascendentes de tu dolor –todavía las resiento:

«contra la segregación de mi herencia»[8].

         Porque no sufres únicamente un exilio interior sino, también, un exilio espacial y familiar, erigiéndote contra todo lo que consideras injusto y en contra de tu libertad:

«contra ese falso caballero presa de las sombras de brujas o envidiosas, mujeres, ángeles o putas, que lo habían rodeado, adulado, aniquilado»[9].

         Escritura de trashumancia como consecuencia del silencio que te abruma, y te abruma, que soporta otra ola de sufrimiento:

«la rama paterna cuenta para la herencia, y por lo tanto para matrimonios de interés»[10].

         Me susurras –ojos llenos de amargura:

«En ninguna parte ya la casa de mi padre, en un país que se dice liberado donde todas las hijas son impunemente desheredadas por los hijos de sus padres»[11].

A tu consuelo, mis versos:
        
Mirada ahogada
                   al crepúsculo,
pellizco de saudade.

Lágrima invisible
                   en el párpado suspendida,
                                      jamás perlada[12].

         Sacudes la cabeza –cabellos castaños en lámina hermosa.
         El esbozo de tu triste sonrisa  –fundiéndose en el Universo.

         Y hete aquí que me hablas de una persona de la que sientes muy agradecida:

«una joven en París que dirige un club de lectura sobre toda mi obra. ¡Se llama Amel Chaouati!».
        
Y deletreas las sílabas: «Cha-ou-a-ti» –por si acaso olvido el apellido argelino.
         Sonrío ante tus ojos que, para recalcarlo, se abren de par en par –sonrío aún al recordar tu agudeza–. Mas sabes bien: que no olvido.






Traducir con batuta musical

Así es, voy al encuentro de Amel Chaouati, en Tizi-Ouzou alta Cabilia– y en la Facultad de Letras de la Universidad Mouloud Mammeri, donde nos reúne para rendirte un gran homenaje, sobre « ton expérience créative ou l’oeuvre d’une vie ».
         Mi comunicación obtuvo profundo eco:

« Assia Djebar ou l’art de tisser la phrase: une caravelle, ses ailes déployées, titillantes, vers le processus de création avec empátheia – herméneutique de l’amour ».

         Y de nuevo está aquí mi escritura, tras numerosos trabajos que te he dedicado, teniendo gran importancia mi texto literario: La mujer y el lenguaje de su cuerpo. Voces Literarias del Magreb[13] –el cuerpo es también una lengua–; con el fin de brindar a los lectores mi análisis de la lectura de tus textos, con rigor y sensibilidad, puesto que tu escritura la respiro, en su ritmo, su poética, su musicalidad.
         Tu escritura: embriaguez hacia lo impreciso de un futuro alternativo, sumergiéndose, al mismo tiempo, en un pasado de ensoñación y en el magma de recuerdos colectivos.
         Con el fin de que surja esa fuente primigenia, sin adulterar su pureza y puesto que no se puede utilizar tu lengua materna –oral y por tanto no escrita–, invocas a otras lenguas que traduces, íntimamente, a la lengua francesa.
         Flujo sanguíneo tu escritura, qantara, pasarela secreta entre la lengua francesa conceptual, la voluptuosa lengua árabe y esa otra lengua de « l’irréductibilité »[14]. 

         Aprehendo la traducción de tu escritura en estos versos inéditos, que se enlazan a otros publicados[15]:

Planta abatida

Memoria atravesada por un ayer roto de fallas.

De regreso a su antro virginal
traduce su espacio indolente,
artístico    interior
         vaivén
         del árabe al francés
                   al bereber
                   al alfabeto amazigh de los tuaregs.
        
         Tu arrebato por los lenguajes y su bamboleo: es mi misma pasión[16].
         Porque siento en mí las lenguas que te / me cobijan, te / me visten, por sendas de innumerables eslabones.
         Sabiendo que no existe lengua pura –ni sangre pura–, partes en búsqueda de un lenguaje secreto: escritura musical capaz de ahondar en su introspección, hacia territorios inexplorados.
         Esa lengua del corazón[17], lengua como leche inagotable, descrita también por Hélène Cixous, pero no siempre una escritura « langue blanche »[18], como la de la escritora oranesa, sino un  requiem desesperado, hermoso relato litúrgico[19].
         « Cette langue était autrefois sarcophage des [tiens] »[20].
         Tu arte mágico de narrar y el encanto de la escritura evocadora de sutiles sensaciones, no solo en lo que concierne a la sonoridad de la palabra pergeñada, sino, también, a nivel del intelecto.
         Vocablos de emoción que llegan acunados por grandes oleajes.
         A veces, como quejido lánguido, doliente.
         Otras, como nota sostenida de un grito.
Sufrimientos de voces de antaño y hogaño, víctimas de la violencia patriarcal y, sobre todo, del genocidio colonial francés.
         Tu voz presta aliento a otras voces: las de tus hermanas de raza con quienes compartes el angustiado camino que las lleva a la luz.
         Tus textos tan ricos en evocaciones históricas, con referencias sociales y expresiones psicológicas. Mientras que te abandonas al flujo de la memoria –ida-vuelta del tiempo y el espacio–, esculpiendo palabras, expresando el deseo vehemente de preguntar, más lejos todavía, a la Historia, a la música, al arte, a la filosofía, al griego antiguo, a la lengua líbica-bereber, a la memoria colectiva[21].
         Siempre con emoción y exquisito pudor, por la huella de una historia individual, cuya sombra proyectada es la de Argelia, tu estirpe.
         Escriba de la Historia, que acarreas el sufrimiento de los argelinos –la esperanza también– y lo integras en sus propias historias.
         Por tanto, cuando la ficción acompaña a la Historia contemporánea, cierta verdad y un deseo ardiente de Humanismo iluminan el rostro de nuestro Mundo.
         Assia conoces bien –como mi escritor añorado Driss Chraïbi–, que las heridas, que lleva y tiñen mi Alma, son las que me han sido vertidas por escritoras árabes-magrebíes, por escritoras argelinas, especialmente por ti: ¡su estandarte, ancestro en sus escrituras!
         Mas a pesar de los oprobios, jamás olvidaré cuando tu rostro y cuerpo iluminados, adquieren gran brillantez, a una edad tan tierna:
         Con paso resuelto, tus pies inician el camino hacia la escuela.
         Osan tus ojos mirar al arco iris, a la espuma del Mar Oceáno, al follaje rociado por la neblina de la mañana otoñal.
         Afronta tu mirada rostros hoscos y labios envidiosos, retorcidos por la mueca de amargura, ante la transgresión de reglas ancestrales y ante la orgullosa respuesta de tu madre a las mujeres escandalizadas porque no llevas velo: « hiya iqra [elle lit] »[22].
         Alzas los hombros, con alegre indolencia.
         Una sombra protectora, de gran estatura tocada con fes y a tu lado, te protege: tu padre, profesor.
         Assia, para rendir merecido homenaje a ese día de « lumière », cuando leer y escribir en « esa » lengua y en 1950 fue para ti la manera de acceder al saber y salir del círculo exclusivamente femenino, te ofrezco mi poema publicado en mi texto poético citado Mi Voz Estelas en tu Cauce, y traducido al árabe y al francés[23].

                                      1 grito // 3 GRITOS


                   Noticia: una niña ha nacido
                   de la sequía–.

                   No aumentará la riqueza
                   Ni vencerá al enemigo
                   Ni vengará una afrenta

                   Tres son sus salidas:
                   del vientre de su madre
                   a la casa del marido
                   camino de su tumba.

                            Enclaustrada,
                   convertida en sombra
                   –pájaro de alas cortadas–
                   mutismo y mirada recatada:

                   Poseída
                   Diabólica
                   Velada

                   Albórbolas: un niño ha nacido
                   ¡fin de la sequía!


                   Pero ahora, ella lee –iqra / اقرأ–:
                   las palabras alumbradas
                   corta las amarras
                   de la mano del padre
                   camino de la escuela.

                                               ***

                                     1 cri // 3 CRIS


                            Nouvelle : une petite est née
                                     – de la sécheresse

                   Elle n’accroîtra pas la richesse
                   Ni vaincra l’ennemi
                   Ni vengera un outrage

                   Trois sont ses sorties :
                   du ventre de sa mère
                   à la maison du mari
                   au chemin de sa tombe.

                            Cloîtrée,
                   Devenue une ombre
                   – oiseau d’ailes coupées –
                   mutisme et regard retenu :

                   Possédée
                   Diabolique
                   Voilée

                            Allégresse : un petit est né
                                     – fin de la sécheresse ! –


                   Mais à présent, elle lit –iqra / اقرأ–:
                            les mots éclairés
                   coupe les amarres
                   de la main de son père
                                               chemin de l’école.


                                               ***


صرخة // ثلاثُ صَرخات


خبر: طفلة قد وُلـِدَتْ
- مِن القحط -
لن تـزيد الثـّراء
ولن تهزمَ الأعداء
ولن تثأر لإهانـة.

ثلاثةٌ هـُم مَخارجها:
من بطن أمها
إلى بيت زوجها
في طريقها الى القبر.

محبـوسَـة
وقد تحَـوّلت إلى ظِلْ
- إلى طائرٍ قـد قـُصَّ جناحيْه-
سكوتٌ ونظرةٌ مغضوضة.
مملوكة
شيطانية
محجوبة

زغاريد: طفلٌ قد وُلِـد
- نهايةُ القحط! -
غير أنها الآن تقرأ: إقرأ
الكلمات المولودة
تحطِّمُ القيود
ويدها بيد الأب،
في طريقها إلى المدرسة.


Finalmente, como un círculo –cintura de nuestra amistad– que abraza el comienzo de mi composición literaria, regreso a nuestras dos conversaciones:

- En la cafetería del Hotel Victoria en Madrid, donde me confiesas que relees nuestros clásicos españoles y tu admiración por Ana Mª Matute; donde las dos nos decimos: « La littérature est une réponse à la vie comme une autre quelconque, comme la musique, la danse, la peinture, l’amour... ou avoir des enfants... ».

- En la terraza del Hotel Alhambra Palace en Granada, donde me escribes –en todos tus textos literarios– hermosas dedicatorias como la siguiente:

« Nos veremos en París, en N. Y., en cualquier parte » –ya no hubo tiempo–. Nos queda el más allá.

Incha ´Allah !


 



[1] - Leonor Merino, « Assia Djebar ou l’art de tisser la phrase: Une caravelle, ses ailes déployées, titillantes, vers le processus de création avec empátheia – herméneutique de l’amour », in El Khitab N°16, pp. 61-72 : Revue du Laboratoire Analyse du Discours, UNIVERSITÉ MOULOUD MAMMERI (Tizi Ouzou - Algérie).
[2] - Leonor Merino, «Assia Djebar, el arte de tejer la frase», EL PAÍS, Madrid, 18 febrero, 2015.
- Leonor Merino, « Escritoras magrebíes, lianas entrelazadas, taraceadas ». Conferencia en Librería y Editorial Diwan, Madrid, 8 de marzo, 2015: “Día de la Mujer”.
[3] Estos versos, que ahora te brindo, están en mi poemario bilingüe (español-árabe): El Soplo de la Vida El polvo de la Tierra, Madrid, Diwan, 2016, 3ª edición, p. 69.
[4] - Leonor Merino, ENCRUCIJADA DE LITERATURAS MAGREBÍES, "Centro Francisco Tomás y Valiente", UNIVERSIDAD NACIONAL DE EDUCACIÓN A DISTANCIA, Alzira-Valencia, 2001, 191 p. Colección Interciencias. Prefacio de un conocido arabista, Pedro Martínez Montávez, y una carta conmovedora del escritor Driss Chraïbi: “No me siento adulado sino comprendido, tanto a nivel de estilo como a nivel psicosociológico, el único a mi entender que puede suscitar la creación literaria […] has estado en el interior de mi obra”.
- Ver un largo párrafo con este título: «Assia Djebar, liberación, inmenso brasero humano», pp. 92-95. Así como su bibliografía, con todas sus obras traducidas a la lengua española hasta 2001.
- Leonor Merino, «La mujer magrebí: exclusión y poder», AWRAQ (Instituto de Cooperación con el Mundo Árabe), Madrid, nº 12, 1991, pp. 161-178.
- Leonor Merino, «Estallidos de la memoria y de la voz sumergidos en el magma de los recuerdos colectivos, en la escritura de Assia Djebar», Francofonía, UNIVERSIDAD DE CÁDIZ, nº 4, 1995, pp. 251-261.
- Leonor Merino, «La mujer magrebí en la obra de la escritora argelina de lengua francesa Assia Djebar», LEA (Madrid) La Escuela Agustiniana, Colegios Universitarios, nº 50, enero-marzo 1995, pp. 49-54.
- Leonor Merino, «Las tumbas del silencio: Assia Djebar», "La Esfera" (suplemento cultural), El Mundo (Madrid) sábado 7 de marzo, 1998, p. 16. (sobre su relato Grande es la prisión).
- Leonor Merino, «El blanco de Argelia: Assia Djebar», Diario 16 (Madrid), jueves 20 octubre 1998, p. 10. (sobre la escritura Le Blanc de l'Algérie).
- Leonor Merino, « Conversation entre Assia Djebar et Leonor Merino », en el marco de « Hay Festival », Palacio de Carlos V, Granada. Mi presentación de Assia Djebar y un largo estudio de toda su obra hasta la  última (Nulle part dans la maison de mon père) publicado en « Cercle des Amis d'Assia Djebar », por Amel Chaouati, presidenta de ese Círculo, 13 mai, 2009. Dicha presentación y estudio, los traduje a mi lengua materna.
[5] Motivo de esa experiencia, creo el poema «Atardecer», en mi último poemario: “Mi Voz Estelas en tu cauce, Madrid, Diwan, 2018, p. 73.
[6] Me / te lo pregunto, Assia, ante tu Posfacio : « “Silence sur soie” où l’écriture en fuite », Nulle part dans la maison de mon père, París, Éditions Fayard, 2007, p. 401.
[7] - Leonor Merino: «Sin habitación propia», El País (Madrid) “Babelia 919”, suplemento cultural, sábado 4 julio, 2009, p. 11.
[8] Assia Djebar, L’Amour, la fantasia, París, Jean-Caude Lattès, 1985, p. 92.
[9] Assia Djebar, Nulle part dans la maison de mon père, op., cit., p. 376.
[10] Assia Djebar, Vaste est la Prison, París, Albin Michel, 1995, p. 41.
[11] Assia Djebar, Nulle part dans la maison de mon père, op., cit., p. 386.
[12] Mi Voz Estelas en tu cauce, op., cit., p. 61.
[13] CantaArabia, Madrid, 2011, p. 479. “Presentación”: Carmen Ruiz Bravo-V. Todas las traducciones de Assia Djebar, al castellano y al catalán, hasta su último texto, Nulle part dans la maison de mon père.
[14] Assia Djebar, Le désir sauvage de ne pas oublier, París, « Le Monde », 26 octobre 2000. 
[15] Mi Voz Estelas en tu cauce, op., cit., pp. 111-113.
[16] Estas son las palabras escritas por Saíd Alami, que tradujo mi poemario a la lengua árabe: “La poesía de Leonor Merino García nace de su perenne búsqueda, ininterrumpida, repleta de ansias de saber, de conocer, de compartir y de solidarizarse, a la vez que está rebosante de afán por indagar en las entrañas y pulsaciones lingüísticas de distintos idiomas, además de sus entre-lazos, persiguiendo el vocablo apropiado y oportuno, la palabra sublime, como alcántara que lleva al "otro", a nuevos horizontes, tanto a aquellos lejanos como a estos que pisan sus pies en el sendero”, en El Soplo de la Vida El Polvo de la Tierra, op., cit., p. 7.
[17] « à la condition de dissimuler ma langue de lait, de la plaquer tout contre moi, au besoin entre mes seins », Assia Djebar, Nulle part dans la maison de mon père, op., cit., p. 309.
[18] Hélène Cixous, Cathérine Clément, La jeune née, 10/18, París, 1975, p. 173.
[19] Assia Djebar, Le Blanc de l’Algérie, París, Albin Michel, 1996.
[20] Assia Djebar, L’Amour, la fantasia, París, Jean-Claude Lattès, 1985, p. 241.
[21] Ruego leer su hermoso discurso -22 de junio 2006-, que leyó para su entrada en la prestigiosa Académie Française.
[22] « c’est-à-dire en arabe, elle étudie », Assia Djebar, L’Amour, la fantasia, op., cit., p. 254.
[23] Publicado, también, en Antología Internacional Contra el Abuso Infantil, “Grito de Mujer 2017”. Edita Xabier Susperregi, Biblioteca Grandes Naciones, Grito de Mujer, Festival de Poesía y Arte, País Vasco, marzo, 2017, pp. 113-115.

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